Il s’agit de neuroplasticité — la capacité de notre matière cérébrale à changer sous l’effet de nos pensées, de nos efforts répétés — avec des stratégies d’apprentissage exigeantes mais aussi puissantes (régulation de nos pensées et émotions), nous pouvons changer anatomiquement notre cerveau (qui ne sert pas qu’à penser).

En effet, les nouveaux outils de recherche (IRM), plus un intérêt croissant pour les techniques millénaires comme le yoga et la méditation — qui étudient l’esprit en l’apaisant suffisamment pour percevoir ses plus légers murmures — permettent d’augmenter considérablement les connaissances scientifiques sur l’esprit et le cerveau. Donc, le bénéfice à pratiquer est que notre cerveau ne reste pas un champ en friche peu travaillé, où l'on y étouffe, où l'on n’y voit pas grand-chose, sans plaisir à y flâner.

La culture de notre intériorité devient indispensable sinon nous sommes les jouets de nos démons, énervements, incohérences, instabilités attentionnelles.

Entraîner son esprit permet de limiter nos souffrances, développer notre lucidité, notre bien-être, notre sagesse.

« Ce n’est pas la séparation entre esprit et cerveau qui est un mythe.
La séparation entre esprit et corps est tout aussi inexacte »

La vie, c’est maintenant. Il n’y a pas de moment où notre vie ne se déroule pas maintenant.

Il n’y en aura d’ailleurs jamais. Rien n’existe à part l’instant présent. Avons-nous déjà eu une expérience  qui ne se situe pas dans l’instant, le moment présent ? Rien ne s’est jamais produit dans le passé.

Ce que nous considérons comme le passé est le souvenir d’un ancien moment présent mis en mémoire dans l’esprit. Le futur est un présent imaginé, une projection du mental. Quand le futur arrive, c’est sous la forme du présent.

Par ailleurs, l’instant présent est l’unique point de référence qui puisse nous transporter au-delà des frontières limitées du mental. C’est la clé pour être dans la dimension spirituelle (métaphysique). En sentant, en accrochant notre attention à la sensation, à la perception du corps, nous entrons dans l’instant présent.

Le présent n’est pas entre, avant ni après : il est dans le maintenant qui est une expérience.

On a demandé au Dalaï-Lama :
« qu’est-ce qui vous surprend le plus dans l’humanité ? »

Il a répondu :
« Les hommes…
parce qu’ils perdent la santé pour accumuler de l’argent ;
ensuite ils perdent de l’argent pour retrouver la santé.
Et à penser anxieusement au futur, ils oublient le présent,
de telle manière qu’ils finissent par ne vivre ni le présent ni le futur.
Ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir…
et ils meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu ».

Etre pleinement conscient veut tout simplement dire maîtriser correctement son attention, placer son attention là où l’on veut l’y maintenir ; la déplacer lorsqu’on le souhaite (quand l’attention est stable, l’esprit l’est également), ni agitée, ni kidnappée par ce qui surgit dans la conscience mais posée dans la présence.

L’attention est comme un projecteur et ce qu’elle illumine pénètre le corps, l’esprit et façonne le cerveau.

Par conséquent, travailler à contrôler davantage son attention est peut-être le moyen le plus efficace de remodeler son cerveau donc son esprit. La pleine conscience procède de l’utilisation habile de l’attention portée au monde intérieur et extérieur.

« Surveille tes pensées, car elles deviennent tes mots.
Surveille tes mots, car ils deviennent tes actions.
Surveille tes actions, car elles deviennent tes habitudes.
Surveille tes habitudes, car elles deviennent ton caractère.
Surveille ton caractère, car il devient ton destin… »

Cette pratique nous apprend à ne pas toujours nous tendre vers quelque chose c'est-à-dire à ne pas entrer dans un esprit de compétition et, ainsi, à mieux vivre le présent. Elle corrige aussi, progressivement, les tensions diverses notamment du dos.

Elle assouplit et renforce réellement tous les niveaux de notre être (corporel, mental et émotionnel). La pratique posturale nous apprend à mieux nous connaître, plus précisément à mieux utiliser nos potentialités, à construire notre corps, notre respiration, notre faculté de concentration et à diminuer les vagabondages du mental. Ce qui caractérise la pratique du yoga n’est pas uniquement ce que l’on fait.

On ne fait pas une posture mais on entre dans la posture, on est dans la posture. Il est vrai que le yoga s’est répandu et, souvent, il n’a été repris que les signes extérieurs de la pratique et a été « vidé » de l’essentiel, c'est-à-dire le positionnement dans la posture.

Comment être situé dans l’action : le rapport aux pensées, le rapport aux émotions et, bien sûr, le rapport aux sensations physiques. Il n’y a pas véritablement de niveaux, ce n’est pas le plus souple, le plus musclé, le meilleur, c’est une histoire entre soi et soi. Bref, la méditation dans l’action.

Il ne s’agit pas de traiter le corps comme un objet soumis à la volonté, mais faire avec ce que nous sentons grâce à un dialogue avec celui-ci, ce qui permet de trouver l’effort juste c'est-à-dire de donner la réponse à ce que la situation demande dans l’instant.

« Quand le corps est aligné, l’esprit est aligné »

Dès la naissance, la respiration est prête à fonctionner. Nous sommes nés en sachant respirer comme notre cœur est né en sachant battre. Le premier cri a mis en route un mécanisme encore inutilisé mais déjà constitué. L’intelligence du corps dont dépend la régulation respiratoire est antérieure à tout apprentissage conscient, d’ailleurs les fonctions vitales de l’organisme, dont la respiration et la fonction cardiaque, ont des centres régulateurs voisins dans le bulbe rachidien, donc dépend du cerveau reptilien.

Certes, la respiration favorise les échanges gazeux : oxygéner le sang et rejeter le gaz carbonique mais elle a ainsi une fonction rythmique et elle va ainsi s’accorder au rythme de nos actions, de nos mouvements extérieurs. Sur le plan physique, elle s’adapte aux moindres nuances de notre activité.

Sur le plan psychique, c’est surtout le monde fluctuant des émotions qui s’exprime à travers elle : retenue dans la peur, intensifiée dans la colère, accélérée par le désir, ralentie dans le calme. Elle s’adapte aussi au continuel changement de notre vie intérieure et extérieure.

Effectivement, nos tensions psychologiques se sont concrétisées sous forme de tensions musculaires (musculation respiratoire). Elle est un intermédiaire, un médiateur entre nos fonctions conscientes et inconscientes.

Il s'agit donc simplement de libérer la respiration de nos tensions qui l'emprisonnent.

Dans une relaxation bien conduite et bien comprise, nous devons à la fois laisser se desserrer les tensions musculaires et nous libérer des conditionnements mentaux et émotionnels qui nous emprisonnent. La détente doit être psychique autant que physique : il s’agit d’effacer soucis, peurs, angoisses pendant que notre corps fait le plein d’énergie.

Lorsque la Pratique s'approfondit, l’élève peut apprendre par lui-même à libérer les tensions retenues et découvrir en pleine conscience ses fonctionnements (physique, émotionnel et mental). Cette pratique peut être destinée aussi à se préparer psychologiquement aux examens, à des activités corporelles, à mieux vivre certaines épreuves de l’existence mais aussi tout simplement à mieux se connaître.

Les perturbations émotionnelles sont probablement les causes les plus fréquentes des troubles respiratoires. Ce type de perturbations produit des effets puissants et, d’autant plus durables, que certains de leurs germes ont été déposés dans l’enfance.

Germes qui vont donner sur le plan physique des fruits qui infecteront tout simplement la respiration donc le bien-être. Ce qui s’incruste n’est pas tant l’émotion, c’est la manière dont elle a aussi vécue : acceptée ou refusée. La multiplication de ces refus émotionnels produit une retenue musculaire — des tensions profondes — qui affecte tout spécialement la coordination de la respiration à travers des crispations du cou, du thorax, du ventre et du dos.

La respiration s’écoule dans une « cage » de tensions. Il est possible de vivre une émotion telle une vague qui se lève, déferle et s’apaise sans se laisser entraîner dans une action ou plutôt — une réaction — aux résultats qui peuvent être nuisibles pour nous et pour notre entourage. La vague émotionnelle passée, la vie psychique revient au calme comme la mer après la chute du vent.